Eva, jeune adulte, est de retour à Bovenmeer, le petit village flamand dans lequel elle est née en 1988, ainsi que Pim et Laurens. Seuls enfants nés cette année-là, inséparables durant toute leur enfance, ils seront surnommés « Les Mousquetaires ».
Mais à l’adolescence, les rapports changent… Lors d’un été de canicule, les garçons mettent au point un jeu pervers, piégeant les plus belles filles du village et les amenant, par un habile jeu de questions/réponses pour trouver la solution d’une énigme, à se déshabiller. Pour rester dans le groupe, Eva doit servir d’arbitre et proposer l’énigme en question. Mais très vite, les choses dégénèrent.
Treize ans plus tard, Eva est donc de retour.
Et cette fois, c’est elle qui a un plan.
D’emblée, la couverture interpelle et dérange. On y voit une petite fille, les yeux clos, une cigarette en train de se consumer entre les doigts.
La traduction du titre original (« Het smelt » – littéralement : « ça fond ») en « Débâcle » intrigue également (mais tant le titre en néerlandais qu’en français se révéleront, au fil de la lecture, d’une admirable justesse).
La débâcle, selon le Larousse, peut signifier « la rupture des glaces d’un fleuve gelé », « la retraite brusque et désordonnée d’une armée » ou encore « l’effondrement brutal d’une entreprise, d’une affaire ».
De tout cela, il sera un peu question dans ce roman qui nous parle d’amitié, de puberté, de familles dysfonctionnelles, de la difficulté de grandir sans repères, de jeux qui dégénèrent. La cruauté du récit est rendue plus terrible encore par l’écriture hyperréaliste de l’autrice qui construit son récit en alternant les faits présents et l’histoire passée, créant une tension et un malaise de plus en plus palpables.
Un premier roman remarquable mais choquant et très déstabilisant.
Débâcle, Lize Spit, roman traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif, Actes sud, 2018, 420 p.
ISBN 978-2-330-09265-8