Petit pays / Gaël Faye

 

 

Gabriel (Gaby) a dix ans et vit au Burundi avec sa mère rwandaise et son père expatrié français.

Une enfance insouciante, faite de rires et de jeux avec les copains, dans un quartier privilégié de Bujumbura.

La première partie du roman est douce et légère. On se prend d’affection pour le jeune Gaby et ses copains, leur ingéniosité, leurs bêtises d’enfants.

Mais au temps d’avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et tout le reste, c’était le bonheur, la vie sans se l’expliquer. L’existence était telle qu’elle était, telle qu’elle avait toujours été et que je voulais qu’elle reste.[…] Au temps du bonheur, si l’on me demandait « Comment ça va ? », je répondais toujours « ça va ! ». Du tac au tac. Le bonheur, ça t’évite de réfléchir. C’est par la suite que je me suis mis à considérer la question. A soupeser le pour et le contre. A esquiver, à opiner vaguement du chef. D’ailleurs, tout le pays s’y était mis. Les gens ne répondaient plus que par « ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé.

Bientôt le bonheur se fissure. Les parents se séparent et la guerre reprend au Rwanda, le pays voisin. Ce conflit ethnique qui fait tout voler en éclats.

J’ai beau chercher, je ne me souviens pas du moment où l’on s’est mis à penser différemment. A considérer que, désormais, il y aurait nous d’un côté et de l’autre, des ennemis […]. J’ai beau retourner mes souvenirs dans tous les sens, je ne parviens pas à me rappeler clairement l’instant où nous avons décidé de ne plus nous contenter de partager le peu que nous avions et de cesser d’avoir confiance, de voir l’autre comme un danger, de créer cette frontière invisible avec le monde extérieur en faisant de notre quartier une forteresse et de notre impasse un enclos. Je me demande encore quand, les copains et moi, nous avons commencé à avoir peur.

La guerre, sans qu’on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n’ai pas pu. J’étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais.

Par l’intermédiaire d’une voisine, Gaby découvre le plaisir de la lecture et le pouvoir des mots.

Grâce à mes lectures, j’avais aboli les limites de l’impasse, je respirais à nouveau, le monde s’étendait plus loin, au-delà des clôtures qui nous recroquevillaient sur nous-mêmes et sur nos peurs. Je n’allais plus à la planque, je n’avais plus envie de voir les copains, de les écouter parler de la guerre, des villes mortes, des Hutu et des Tutsi. Avec Mme Economopoulos, […], nous discutions pendant des heures des livres qu’elle mettait entre mes mains. Je découvrais que je pouvais parler d’une infinité de choses tapies au fond de moi et que j’ignorais. Dans ce havre de verdure, j’apprenais à identifier mes goûts, mes envies, ma manière de voir et de ressentir l’univers.

Une écriture limpide, simple et directe, pleine de douceur malgré la dureté des situations relatées, de l’humour et une grande nostalgie de l’enfance disparue.

Coup de coeur !

Petit pays, Gaël Faye, Lgf (le livre de poche ; 34618), août 2017, ISBN 978-2-253-07044-3

 

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