Objectif soleil / Bertrand Piccard et André Borschberg

Entre la technologie, les prévisions météo, le facteur humain, c’est un miracle que nous soyons parvenus à finir ce tour du monde. Si l’on devait calculer de manière  statistique les chances de réussite sur une durée aussi longue, avec des paramètres aussi nombreux, complexes et aléatoires, elles seraient presque nulles. Il y a quelque chose de supplémentaire qui s’introduit dans un projet comme celui-là et qui lui permet de s’achever par une victoire. Difficile à expliquer. J’imagine que les centaines de millions de personnes qui ont cru en nous ont envoyé une certaine énergie et favorisèrent le destin. (1)

Depuis son enfance, après avoir rencontré des pionniers de l’aéronautique à Cap Kennedy, Bertrand Piccard nourrit un rêve :  comme son père et son grand-père, il deviendra lui aussi explorateur et associera aventures scientifiques et protection de l’environnement.

Plus rien d’autre ne comptait pour moi. Pas facile comme adolescent, avec déjà deux générations d’explorateurs qui me précèdent, de vivre avec les attentes du public. Je sentais une immense énergie en moi, prête à exploser, mais je ne savais pas quoi en faire. Tout semblait déjà accompli, il ne restait plus rien à explorer. J’ai dû commencer par comprendre que l’exploration n’est pas une action mais un état d’esprit face à la vie. C’est l’aiguille d’une boussole intérieure qui se met à indiquer systématiquement l’inconnu, ce qui n’a encore jamais été fait, ce qui est considéré comme impossible. Dans tous les domaines, pas seulement le spectaculaire, mais surtout l' »extra-ordinaire », ce qui nous force à sortir de notre zone de confort. L’homme a marché sur la lune, mais ignore toujours le sens de son passage sur Terre. De la psychologie à la spiritualité, voilà des dimensions mystérieuses à explorer. Je suis aussi devenu médecin psychiatre pour comprendre le monde intérieur et le comportement humain […]. (2)

En mars 1999, après deux échecs, il réussit, accompagné de l’Anglais Brian Jones, le premier tour du monde en ballon sans escale.

André Borschberg est quant à lui pilote de chasse dans l’armée suisse. Il a, en parallèle, étudié l’économie et fait des études d’ingénieur mécanicien spécialisé dans l’aéronautique. Après quelques années d’une brillante carrière dans le secteur de la création d’entreprises, il décide de prendre une année sabbatique.

Plus j’avançais, plus le business, avec pour seul objectif de faire encore plus de business, me paraissait vain. D’une certaine manière, j’ai vécu ma carrière à rebours. Il ne serait pas entièrement faux de dire que ces rêves s’étaient réveillés en 1999 en assistant à l’arrivée du premier tour du monde en ballon.(3)

Ecrit à deux voix, celles de Bertrand Piccard et d’André Borschberg, ce documentaire nous relate les différentes étapes de ce projet fou qu’était Solar impulse, un avion solaire capable de voler jour et nuit sans carburant.
Treize ans séparent la naissance du projet et l’arrivée triomphale de l’avion  à Abou Dhabi le 26 juillet 2016, après un périple de 40.000 kilomètres.

Nul doute que l’on puisse être effrayé devant ce pavé de (presque) 500 pages mais le livre se lit comme le récit d’une véritable épopée humaine moderne.

Pour en savoir plus –> Site de Bertrand Piccard
–> Site du livre de poche

Lu dans le cadre du jury du « Prix des Lecteurs du Livre de Poche  2018 /  Documents-Essais »

 

 

 

 

 

(1) André Borschberg, in Objectif soleil : l’aventure Solar Impulse, Librairie générale française, 2017, Le livre de poche n° 34930, p. 477
(2) Bertrand Piccard, op. cit., p. 15
(3) André Borschberg, op. cit., p. 21