La brigade du rire / Gérard Mordillat

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La brigade du rire / Gérard Mordillat, Lgf, 2016 (Le livre de poche ; 34269)

Lorsqu’il referme la porte de son logement, Kol ne sait pas s’il reviendra un jour là où il s’est réfugié, à l’écart de tout, après la fermeture de l’imprimerie dans laquelle il était employé, et son divorce. Pour l’heure, il va rejoindre ses vieux amis, Dylan, professeur d’anglais et l’Enfant-Loup, garagiste, avec qui il jouait autrefois au handball. C’est Dylan qui a lancé l’idée : réunir pour un soir tous les anciens, pour fêter les 30 ans de leur victoire lors d’un tournoi interscolaire. Les rejoignent Dorith et Muriel, jumelles et compagnes de Dylan, Zac (Isaac), distributeur de films, Rousseau, professeur d’économie, Hurel, industriel qui rêve de changer le monde et enfin, Victoria, que personne n’attendait, veuve de leur ami Richard.

Au terme d’une soirée festive, nostalgique et alcoolisée, durant laquelle ils refont le monde, ils décident de kidnapper Pierre Ramut, éditorialiste du journal « Valeurs françaises » qui promeut une économie ultralibérale, de l’enfermer dans un bunker et de le faire travailler selon ses grands préceptes : 48h/semaine pour un salaire inférieur au SMIC, productivité poussée au maximum, horaires par pauses y compris le dimanche, etc.

Alors que Pierre Ramut quitte son hôtel pour assister calmement au festival « Cinéma, Tennis et Golf », ils se muent en « Brigade du rire » et passent à l’action…

Extrait :

« -Ecoutez, je ne sais pas à quoi rime cette connerie et je ne veux pas le savoir. Si c’est une blague des organisateurs du festival, bravo, félicitations, c’est réussi. Maintenant, assez joué comme ça, je vous prierais de me raccompagner à mon hôtel.

-Vous êtes à votre hôtel, dit l’Enfant-Loup. […] Ramut regarda autour de lui.

-Dans la cave?

-Dans votre nouvelle chambre. Tout confort moderne : eau chaude, eau froide, eau mitigée…[…]. Un salarié doit pouvoir travailler n’importe où, n’est-ce pas? Je me souviens d’un long papier de vous sur « la mobilité nécessaire des salariés ». Sur la France paralysée, calcifiée par les pesanteurs syndicales et les enracinements mortifères… « 

 

 

 

Kyrielle Blues / Biefnot-Dannemark

Après « La Route des Coquelicots », sorti l’an dernier, Véronique Biefnot et Francis Dannemark nous entrainent cette fois, par le biais d’une écriture mélodieuse, dans une / des histoire(s) d’amour et de famille(s) sur fond de souvenirs d’enfance, de non-dits et de secrets. Le roman est illustré par une cinquantaine de dessins de Véronique Biefnot.

Connait-on si bien ceux qui nous sont proches ?

Extrait :

« – J’ai vécu si longtemps au royaume du silence…, dit-il. Il y avait des mots, des phrases, mais la règle c’était que le silence est d’or et qu’afficher ses sentiments est une forme de faiblesse. Je sais à présent pourquoi c’était ainsi, tu connais toute l’histoire…

–  Moi, je n’ai jamais oublié ce que mon père m’a dit un jour quand j’avais une quinzaine d’années : les gens qui n’expriment pas leurs véritables sentiments mériteraient de ne pas en avoir. Les mots, ce n’est pas facile, mais sans eux les gens ne seraient rien. Mieux vaut se tromper et recommencer que se taire.

Elle sourit et ajoute :

– Le plus important, on le dit avec les yeux, avec la main, avec un baiser, mais on ne peut se passer des mots, […] sinon on serait des chimpanzés, des écureuils. Ou des pingouins, qui sait ? »

 

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Biefnot-Dannemark, La Route des Coquelicots, Le Castor Astral, 2015, ISBN 979-10-278-0014-8

Biefnot-Dannemark, Kyrielle Blues, Le Castor Astral, 2016, ISBN  979-10-278-0052-0

Les deux romans sont disponibles à la bibliothèque.

 

 

 

 

L’exception / Audur Ava Olafsdottir

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Audur Ava Olafsdottir, éd. Points, 2016

Lors du réveillon de la Saint-Sylvestre, le mari de Maria annonce à celle-ci qu’il la quitte pour un homme.

Maria se retrouve seule, après onze ans de mariage, avec des jumeaux de 2 ans.

Les jours suivants, face à ce coming out qu’elle n’a pas vu venir, elle tente de poursuivre le cours de sa vie, entre analyse du passé et mise en place du futur.

Heureusement, sa charitable voisine, Perla, naine mais surtout conseillère conjugale et « nègre » pour un auteur de polars, n’est jamais bien loin.

Un roman atypique à bien des égards : par son thème, ses personnages secondaires, son style…

Le tout tantôt grave, tantôt drôle et fantaisiste, mais toujours léger et empreint de finesse et d’émotion.